Football et médecine à la BIU Santé

Depuis le 14 juin, dans le monde entier, tous les regards se tournent vers les terrains de foot de Russie, où se multiplient les tacles, les tirs, les corners… mais aussi les entorses, les ruptures du ligament et autres blessures en tous genres. James Rodriguez touché au mollet gauche par un joueur sénégalais, Marcelo sorti du match contre la Serbie, Edison Cavani menacé de ne pas jouer contre la France à la suite de la blessure qu’il a subie lors du match contre le Portugal… Autant d’incidents qui nous rappellent que le sport est aussi une histoire de santé.

C’est la raison pour laquelle la BIU Santé dispose très logiquement, dans ses fonds, de nombreuses thèses qui traitent de ce sujet… douloureux.

La santé des joueurs

En effectuant une recherche dans notre catalogue, on ne trouve en effet pas moins de 110 thèses de médecine consacrées au football. Sans surprise, c’est à la santé des joueurs que se sont intéressés la plupart des médecins chercheurs. Leurs thèses nous apprennent que les malheureux sportifs peuvent être tour à tour victimes de blessures pelvi-fémorales, de lésions musculaires des ischio-jambiers, de pubalgies, d’hypomagnésémie, de traumatismes bucco-dentaires, de fractures des jambes, de syndrome de Lucy ou encore de lésions ostéo-articulaires…

Dans sa thèse, le docteur Sandra Cardonne nous donne de plus amples détails, et nous apprend, notamment, que le foot est défini par l’OMS comme un «sport à risque traumatique élevé».

Elle relève, d’après les statistiques du foot professionnel au niveau mondial, que l’on y dénombre en moyenne 30 blessures pour 1000 heures de match, que ces blessures sont, pour les 2/3 des blessures aiguës et pour 1/3 des blessures d’hypersollicitation, et qu’elles se répartissent de la manière suivante :

  • Blessure à la cuisse : 24,5%
  • Blessure au genou : 41,7%
  • Blessure à la cheville : 22%

Tout ceci nous prouve que le football est bel et bien un sport à risques !

En compulsant le catalogue de notre bibliothèque, nous nous apercevons également que l’étude des problèmes de santé liés au football s’avère être presque aussi ancienne que la pratique de ce sport. La plus ancienne thèse qui leur soit consacrée, parmi nos collections, remonte en effet à l’année 1925 et porte sur «le football au point de vue médical».

Au sein de notre bibliothèque numérique Medic@, on trouve même un article de 1895 qui traite des cas d’impétigo chez les joueurs de football anglais.

La santé des arbitres

Mais les joueurs ne sont pas les seuls à rencontrer des problèmes de santé, et plusieurs thèses traitent également des tracas que peuvent subir ceux qui les surveillent : les arbitres. Nous y apprenons qu’ils peuvent, tout comme les joueurs, être victimes de blessures et de pathologies musculaires.

Depuis la publication du roman de Peter Handke, nous savions que les gardiens de but étaient sujets à l’angoisse, au moment du pénalty. Grâce à la thèse du docteur Joao Paulo Vivas, qui se trouve à la BIU Santé, nous pouvons apprendre qu’ils ne sont pas les seuls. Les arbitres, eux aussi, sont sujets au stress, notamment lorsqu’ils doivent siffler des sanctions.

Le docteur Vivas nous apprend en effet que la fréquence cardiaque d’un arbitre peut doubler lorsque celui-ci inflige un carton rouge, ou bien lorsque des joueurs viennent contester l’une de ses décisions ou exiger une pénalité qu’il n’a pas signalée.

Tous ces documents nous rappellent donc à quel point la médecine est toujours liée à l’actualité, et donc, que les collections de la BIU Santé peuvent aussi l’éclairer d’une manière particulière.

Espérons que la suite de coupe du monde se déroulera sans trop de blessures. Toutefois, si celles-ci devaient se produire, elles pourront toujours leur trouver des solutions à la BIU Santé.

Voilà qui devrait rassurer tous les joueurs de football !

Germain Arfeux

Société d’histoire de la pharmacie : séance du 22/03/17

SHPCe mercredi 22 mars 2017 s’est tenue la séance de la Société d’histoire de la pharmacie dans la Salle des Actes de la Faculté de pharmacie de Paris. Si vous n’avez pas eu l’occasion d’y assister, en voici un bref résumé.

Après l’annonce des informations relatives à l’actualité de la SHP et de l’histoire de la pharmacie par le secrétaire général Bruno Bonnemain, quatre interventions se sont succédé durant cette séance présidée par le professeur Olivier Lafont, président de la SHP.

The Bolduc House Museum, Sainte Genevieve, Missouri
The Bolduc House Museum, Sainte Genevieve, Missouri

Bruno Bonnemain a fait le récit d’un séjour de plusieurs mois effectué en Amérique du Nord, à la découverte des monuments historiques et musées consacrés à l’histoire de la pharmacie. Parmi les lieux remarquables qu’il a eu la chance de visiter, on citera la Maison Bolduc à Sainte Geneviève dans le Missouri, le Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal ou encore le Monastère des Augustines à Québec.

Remy Bellenger : Le Laboratoire Dausse, une histoire de familles, 1824-1929

Couv-DausseRemy Bellenger a retracé l’histoire d’une entreprise familiale florissante, le Laboratoire Dausse, à l’occasion de la parution de son ouvrage Le Laboratoire Dausse : une histoire de familles (1824-1929) publié aux éditions L’Hexaèdre. À partir de ses archives familiales et de nombreuses sources historiques, il a pu reconstituer le parcours de son ancêtre Amans Dausse, pharmacien de métier. Propriétaire d’une officine située au 10, rue de Lancry à Paris, Amans Dausse rencontre un certain succès dans la fabrication et la vente de remèdes et médicaments. En 1834, il fonde le Laboratoire Dausse, spécialisé dans la fabrication de médicaments à base de plantes.

Vous pouvez découvrir la suite de cette saga industrielle et familiale en vous procurant l’ouvrage de Remy Bellenger ici.

Bruno Bonnemain : Le Journal de pharmacie et de chimie en 1917

Bruno Bonnemain, Secrétaire général de la SHP, a analysé la publication du Journal de pharmacie et de chimie au cours de l’année 1917, à travers le prisme de la Grande Guerre. Les nouvelles du front et le contexte politique et idéologique de l’époque influent sur le contenu d’une publication spécialisée, à travers des articles portant sur des sujets d’ordre technique (rôle des vêtements dans l’infection des blessures de guerre, accès à l’eau potable sur le front…) ou plus général (l’industrie pharmaceutique en Russie, la production des alcaloïdes en temps de guerre…). En parallèle à l’événement, le Journal de pharmacie et de chimie maintient une politique éditoriale plus classique en abordant des thèmes connexes tels que la chimie alimentaire avec la polémique autour du lait écrémé par exemple, ou encore l’histoire de la pharmacie.

Sophie Jacqueline : Étude pharmaco-archéologique des baumes de momification en Égypte ancienne

Bec d'ibis momifié, collection privée
Bec d’ibis momifié, collection privée

Sophie Jacqueline, lauréate du prix de thèse de la Société française d’histoire de la médecine, nous a présenté l’étude pharmaco-archéologique qu’elle a réalisée dans le cadre de sa thèse d’exercice sur les baumes de momification en Égypte ancienne. De nouvelles méthodes d’analyse permettent de mieux connaître les méthodes de momifications, ainsi que la composition des baumes et des substances participant à la conservation des corps. Cette étude a été conduite selon un cadre méthodologique très strict, composé successivement d’un examen macroscopique, d’un examen scannographique, d’un examen à loupe binoculaire, d’une analyse élémentaire et enfin d’une analyse chromatographique. L’examen d’artefacts et de crânes de momies datant de l’Égypte ancienne permet d’affiner et d’approfondir les connaissances historiques et scientifiques relatives aux techniques d’embaumement. Sophie Jacqueline poursuit actuellement ses études dans le cadre d’un doctorat à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines sur l’apport des techniques médico-légales dans l’art premier.

Pour en savoir plus : Jacqueline, Sophie. « Les produits d’embaumement égyptiens : nouvelles données pharmacologiques ». Histoire des sciences médicales, 2016, Vol. 50 (1), pp. 43-52.

Olivier Lafont : Masséot Abaquesne en vente publique à Paris, durant le dernier quart du XXe siècle

Vase bi-ansé préempté par le Musée de la Renaissance, vente Ricqlès Drouot, 20 octobre 1996
Vase bi-ansé préempté par le Musée de la Renaissance, vente Ricqlès Drouot, 20 octobre 1996

Olivier Lafont a reconstitué le parcours de pots de pharmacie décorés par le célèbre faïencier du XVIe siècle Masséot Abaquesne dans une série de ventes publiques qui se sont tenues à Paris durant le dernier quart du XXe siècle. Ces pots, dont certains peuvent être identifiés avec exactitude grâce à la signature du maître, se caractérisent par l’emploi de motifs en rinceaux et de figures de profil, typiques de l’école de faïencerie rouennaise de la Renaissance. Leur cote marchande a varié au cours des décennies en fonction de leur originalité, de leur rareté et de leur état, ainsi que de la fiabilité de leur attribution à Abaquesne. Ces pots ont circulé de collections privées en collections privées, réapparaissant occasionnellement lors de ventes publiques au cours des dernières décennies, jusqu’à rejoindre les collections publiques de musée pour certains d’entre eux. À travers l’histoire de ces objets se dessine en filigrane l’histoire du marché de l’art à la fin du XXe siècle.

Pour ceux d’entre vous qui souhaitent admirer de plus près les œuvres de Masséot Abaquesne, une exposition intitulée « Masséot Abaquesne, l’éclat de la faïence à la Renaissance » se tient actuellement et jusqu’au 23 avril prochain au Musée de la Céramique de Rouen.

La prochaine séance de la Société d’histoire de la pharmacie se tiendra le mercredi 7 juin 2017.

Catherine Blum