Publication de la troisième édition majeure de la « Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin » (1601-1672), par Loïc Capron

La Bibliothèque interuniversitaire de santé publie sur Internet le dernier grand enrichissement d’un travail de vingt ans : la troisième mise à jour majeure de la Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin, par le Pr Loïc Capron.

Elle paraît six ans après la première édition (qui portait le titre explicite de Correspondance française de Guy Patin), et deux ans après la seconde édition, qui a inauguré le titre actuel. Toute la correspondance latine alors connue et plusieurs autres textes s’ajoutaient à la correspondance française, ainsi que de nombreuses annexes. Continuer la lecture de « Publication de la troisième édition majeure de la « Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin » (1601-1672), par Loïc Capron »

Traduction de la Préface de Boerhaave et Albinus des Opera omnia de Vésale (1725)

La Fabrique de Vésale et autres textes : la traduction française des pièces liminaires des œuvres de Vésale est désormais complète sur le site de la BIU Santé

En juin 2014, sous la direction de Jacqueline Vons et de Stéphane Velut, les premiers éléments de La Fabrique de Vésale et autres textes ont été mis en ligne sur le site de la BIU Santé. Cet ouvrage de longue haleine aboutira, rappelons-le, à la publication de la première traduction française intégrale de la plus grande œuvre anatomique du XVIe siècle, le De humani corporis fabrica Libri septem (1543), associé à celle des pièces liminaires de toutes les autres œuvres publiées par André Vésale.

À côté des livres I et VII de la Fabrica déjà publiés, avec les importantes introductions qui les accompagnent, et des pièces liminaires de six autres œuvres de Vésale et de leurs propres introductions, la traduction ici annoncée complète la publication des pièces liminaires.

Vésale, André. – Opera omnia anatomica et chirurgica, cura Hermanni Boerhaave,… et Bernhardi Siegfried Albini.. Lugduni Batavorum : apud J. Du Vivie et J. et H. Verbeek, 1725. (En ligne dans Medica)

Vésale, Opera Omnia, H. Boerhaave B. Albinus (éd.), Leiden, 1725
Introduction par Jacqueline Vons et Maurits Biesbrouck

En 1725, paraissait en deux tomes in-folio la première et unique édition des Œuvres complètes de Vésale, due à deux médecins de l’université de Leyde, Herman Boerhaave (1668-1738) et Bernhard Siegfried Albinus (1697-1770), qui ont voulu rendre hommage au père de l’anatomie moderne par un très beau livre. Mais si l’on observe de près cette reprise éditoriale, on constate que les éditeurs ne se sont pas contentés de produire un fac-similé. Les planches et le frontispice ont été recomposés et regravés sur cuivre par Jan Wandelaar (1690-1759), élève de Gérard de Lairesse et artiste renommé. Tous les ouvrages de Vésale n’ont pas été repris, d’autres lui sont attribués à tort. Le texte de la Fabrique est celui de l’édition de 1555, mais ce schéma général connaît des exceptions, sans que les corrections apportées au texte original soient signalées ; c’est cependant ce texte modifié qui a été souvent cité comme étant la version authentique de 1555. La transformation la plus spectaculaire est celle qu’ont subie les illustrations ; regravées, recadrées et agrandies, signées, elles se sont pour ainsi dire libérées du texte descriptif en affirmant leur autonomie.

La préface est constituée d’une longue lettre au lecteur, contenant un éloge de Vésale et une biographie, aujourd’hui remise en question, mais qui a servi de base aux historiens de la médecine pendant près de deux siècles. Pour Boerhaave et Albinus, Vésale est à l’origine d’une nouvelle histoire de l’anatomie, mais cette dernière ne s’est pas figée à ce moment. Contrairement à la médecine de Galien, devenue au fil du temps un dogme indiscutable, les livres de Vésale ont pu être l’objet de discussions, de remises en cause et d’améliorations. Les successeurs de Vésale se sont en quelque sorte approprié ce monument et l’ont fait évoluer. Finalement, le plus bel hommage que Boerhaave et Albinus rendent à Vésale est d’avoir initié le doute dans les sciences comme facteur de progrès :

«Toutes les fois où il doutait ou restait dans l’ignorance de quelque chose, Vésale avouait son ignorance modestement, avec candeur et en toute franchise, et en honnête homme il gardait le silence» (Préface *******).

Avec ce texte s’achève ainsi un des volets du projet Vésale, projet mené en partenariat avec le Service d’histoire de la santé et le Service informatique de la Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), et avec la participation de chercheurs français et étrangers.

Les textes sont à la disposition des lecteurs, dans le respect de la propriété intellectuelle des auteurs, sur la page La Fabrique de Vésale et autres textes. Éditions, transcriptions et traductions par Jacqueline Vons et Stéphane Velut.

Jacqueline Vons et Stéphane Velut

La Fabrique de Vésale et autres textes – éditions, transcriptions et traductions par Jacqueline Vons et Stéphane Velut. –
Paris, BIU Santé

Contacts :

 jacqueline.vons@univ-tours.fr

info-hist@biusante.parisdescartes.fr

Un projet mené par la BIU Santé dans le cadre de ses missions nationales CollEx.

 

Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin

Mise en ligne le 4 mars 2015, en libre accès, la Correspondance de Guy Patin, éditée, commentée et indexée par Loïc Capron, a permis aux chercheurs et aux curieux de découvrir un trésor d’informations sur le XVIIe siècle : médecine en tout premier, puisque c’était le métier de Patin ; mais aussi politique, vie quotidienne, librairie, religion, histoire, etc., puisqu’il ne mettait aucune borne à sa curiosité.

Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris. En sa 30e année d’âge. (1631-1632)

Désireux d’aller jusqu’au bout de notre projet initial et encouragés par le bon accueil des internautes, nous proposons aujourd’hui la Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin qui s’est construite et étoffée au fil des quatre dernières années. Parmi les dernières nouveautés :

– 504 lettres latines qui forment les échanges connus de Patin avec 75 de ses correspondants européens ;

– 21 consultations manuscrites et 11 observations médicales imprimées que Patin a consignées ;

– son Traité de la Conservation de santé, publié en 1632 ;

– les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris qu’il a rédigés durant son décanat (1650-1652), précieux manuscrit académique que voici exhumé des archives. Tout le latin a été fidèlement transcrit, puis traduit en français.

Guy Patin, docteur régent et doyen de la Faculté de médecine de Paris, professeur au Collège royal de France (1670)

Comparée à la précédente édition, celle qui paraît aujourd’hui s’est enrichie de 546 lettres, 152 annexes et autres écrits, 7 385 notes et 15 789 entrées d’index.

Toutes ces additions suivent les règles rédactionnelles adoptées pour la première parution de 2015 et s’intègrent naturellement à elle, dans une volonté de croissance parfaitement harmonieuse : textes, commentaires et index forment un seul et même corpus, où tout a été mis en œuvre pour faciliter la navigation, les recherches et les découvertes, avec le souci constant d’expliquer minutieusement le contenu des textes et les références qu’ils citent à profusion, et d’améliorer l’exactitude des informations fournies.

Merci pour la visite que vous rendrez à ce monument d’histoire médicale et littéraire que nous a légué Guy Patin, ce sidérant Diafoirus dont la talentueuse plume excuse heureusement la cécité scientifique. Merci aussi pour tous les commentaires dont vous voudrez bien continuer à nous faire part.

 

Loïc Capron et l’équipe éditoriale de la Bibliothèque interuniversitaire de santé.

Contacts : guido.patin@gmail.com

Accéder à la Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin

Un projet mené par la BIU Santé dans le cadre de ses missions nationales CollEx.

Unpaywall et le libre accès à la BIU Santé

Avez-vous déjà entendu parler d’Unpaywall ? Cette extension pour navigateurs fait le buzz depuis début avril, date de son lancement officiel. Les revues scientifiques prestigieuses en parlent également, comme Nature, dans la rubrique Toolbox de son site.

Cette extension gratuite est à installer dans votre navigateur Chrome ou Firefox. Elle a d’ailleurs été téléchargée sur tous les postes publics de la BIU Santé, où vous pourrez bénéficier de ses services.

Comment ça marche ?

Unpaywall se révèle utile quand on se heurte à un… Paywall (d’où son nom). C’est-à-dire quand un éditeur vous demande de payer pour accéder à un article scientifique. Ce qui arrive aussi parfois à la BIU Santé malgré les milliers d’abonnements achetés à grands frais chaque année.

Sur la page d’un article payant, Unpaywall cherchera automatiquement une version gratuite du document. Si une telle version existe, un bouton vert apparaîtra à droite. Il suffira alors de cliquer dessus pour accéder à l’article gratuit – comme dans l’exemple ci-dessous :

Pour parvenir à cet exploit, Unpaywall se base sur le DOI des articles. Cet identifiant est alors cherché dans toute une liste de réservoirs légaux du type PubMed Central, DOAJ, Crossref 90 millions de documents seraient actuellement référencés par ce système. Rien à voir avec le piratage (et Sci-Hub, pour ne pas le nommer), il s’agit de versions libres d’articles parfois payants. Et aucune information personnelle ne vous sera demandée en échange.

Il est possible de personnaliser quelque peu l’extension : par exemple en lui demandant de distinguer les articles en Green Open Access (qu’elle affichera avec une icône… verte !) et les articles en Gold Open Access (icône jaune).

Unpaywall est développé par Impactstory. Un site Web financé par la National Science Foundation et la Alfred P. Sloan Foundation.

Il n’y a pas qu’Unpaywall dans la vie…

Cette extension rejoint d’autres projets du même type, dont la BIU Santé vous avait déjà parlé :

N’oubliez pas que la BIU Santé vous propose aussi une page spécifique sur la recherche d’articles en libre accès, ainsi que des informations sur l’Open Access.

Google Scholar propose également sa propre extension pour chercher des contenus académiques. Mais les résultats trouvés ne seront pas forcément légaux, puisque GS donne également des liens sur ResearchGate ou Academia. En effet certains chercheurs y téléchargent parfois des articles qu’ils n’ont pas encore le droit de déposer. Une option à cocher dans les préférences d’Unpaywall permet de désactiver la recherche sur ces sites. Les résultats sont alors moins nombreux, mais légaux, à vous de voir !

Open Access, réseaux sociaux et éditeurs

À noter que la plateforme Academia fait en ce moment l’objet d’une bien mauvaise presse. Elle commence en effet à faire payer ses utilisateurs pour accéder aux fonctions de recherche avancée – dans le texte intégral des articles. Articles qui ont été déposés gratuitement par leurs auteurs. Pas vraiment une surprise, mais qui confirme le regard critique à garder sur les réseaux sociaux académiques – outils commerciaux, qui peinent à trouver un modèle économique viable. Autant de soucis que vous n’aurez pas avec une archive ouverte institutionnelle du type HAL. Pour mémoire, revoir cet excellent comparatif entre les deux systèmes.

De leur côté, les éditeurs tentent de reprendre la main en contrôlant comme ils le peuvent le partage des articles publiés dans leurs revues (sujet également abordé sur le site Nature).

En savoir plus

Le site de l’extension Unpaywall et sa Foire Aux Questions (en anglais)

La page du site BIU Santé pour trouver des articles en libre accès

La page BIU Santé sur l’Open Access

How a Browser Extension Could Shake Up Academic Publishing (en anglais)

Mise en ligne du livre VII de la Fabrica de Vésale

Après le livre I du De humani corporis fabrica (1543) d’André Vésale et les textes préliminaires des autres ouvrages de l’anatomiste bruxellois, la BIU Santé publie aujourd’hui la première traduction commentée en français du livre VII intégral, due à Jacqueline Vons et Stéphane Velut (introduction disponible en cliquant sur le bouton « i » à droite de Livre VII).

livre7Ce livre consacré à l’étude de l’encéphale, comprend également différents protocoles de dissection et se termine par un chapitre sur le rôle de la vivisection animale dans la science du vivant. Aussi bien la structure interne de l’œuvre que des raisons extrinsèques, expliquées dans l’introduction, justifient la parution de ce livre immédiatement après le livre I.

Exploité et cité le plus souvent de manière approximative ou spéculative, le livre VII retrouve ici son originalité et son authenticité, témoignant des balbutiements d’une science au sens moderne du terme, avec des moments fulgurants, intuitifs, révélateurs d’un génie hors du commun, mais qui était aussi un homme de la Renaissance, avec le savoir, la formation, l’habitus des médecins de son époque. Aussi, il a été nécessaire de refaire aujourd’hui en laboratoire les gestes de Vésale pour comprendre ce qu’il a vu et comment il a vu.

livre7-2Seul le regard expert du neurochirurgien et anatomiste contemporain a pu déceler dans les planches ce qui était parfois représenté mais non décrit ; de même le travail de traduction ne s’est pas limité à transcrire une nomenclature (d’ailleurs inexistante ou fausse par rapport à nos connaissances actuelles) ou à considérer le texte sous l’angle de la simple «information» technique ou historique, mais il a voulu respecter le déroulement d’une parole et d’une pensée, marquées d’un caractère littéraire évident et ignorant la parataxe.

oeilNous espérons éclairer ainsi d’un jour scientifique et nouveau ces descriptions, d’une ampleur inégalée, qui ont marqué une étape considérable dans l’histoire des sciences médicales, tant dans la méthode que dans l’affirmation du doute scientifique.

Jacqueline Vons & Stéphane Velut

Accéder directement au livre VII de la Fabrica.

Introduction (PDF, 24 pages)

Page d’accueil du site La Fabrique de Vésale et autres textes

Le mode d’emploi de l’ensemble est disponible en cliquant ici.

Les auteurs et la Bibliothèque interuniversitaire de Santé sont heureux d’offrir aux chercheurs et aux jeunes étudiants un accès (encore partiel) gratuit à cette grande œuvre. Le livre II consacré à la myologie est en préparation.

Société d’histoire de la pharmacie : séance du 8/6

Le mercredi 8 juin 2016, se tenait une séance de la Société d’Histoire de la Pharmacie, présidée par le professeur Olivier Lafont, dans la salle des Actes de la faculté de pharmacie de Paris (4, avenue de l’Observatoire). Au cours de cette réunion, cinq intervenants ont pris la parole :

Salle des Actes (4, avenue de l'Observatoire)
Salle des Actes (4, avenue de l’Observatoire)
  • Alain LEGRAND, membre de la SHP : Michel Eugène Chevreul (1786-1889) : un chimiste aimé des peintres.
  • Florence SIROT, lauréate du prix Maurice Bouvet et Henri Bonnemain doté par la Société d’Histoire de la Pharmacie, en 2015 : Fonction, lieu et produits officinaux dans les dictionnaires de langue française.
  • Josette FOURNIER, membre de la SHP : Charles Davila (1828-1884), une jeunesse en France.
  • Quentin GRAVIER, doctorant à la Faculté de pharmacie de l’université de Rouen : Échange de lettres autour des Médicaments du Roy.
  • Olivier LAFONT, président de la SHP : Ce que Pomet pensait de Lémery révélé par le projet d’édition de 1699 de son Histoire des drogues.

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Mise en ligne du Libellus de Dentibus d’Eustache

Après La Fabrique de Vésale et autres textes et la Correspondance française de Guy Patin, un nouveau projet s’ajoute à la rubrique des éditions critiques de la BIU Santé : le Libellus de Dentibus de Bartolomeo Eustache.

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Portrait de Bartolomeo Eustache, extrait de Brambilla, Storia delle Scoperte Fisico Medico-Anatomico-Chirurgiche…, 1780-1782 (Cote BIU Santé 6758)

Bartolomeo Eustache (vers 1510 – 1574), anatomiste italien, a marqué l’âge d’or de l’anatomie au XVIe siècle, comme Vésale, Fallope, Colombo, ou Fabrizio d’Aquapendente. Il a décrit de nombreux organes, dont les reins, le système veineux, l’organe de l’ouïe. Il a laissé son nom à un canal de l’oreille moyenne, la trompe d’Eustache. Et il s’est, donc, intéressé aux dents. Publié en 1563, ce « petit livre sur les dents », premier ouvrage d’anatomie entièrement consacré à ce sujet, se concentre sur l’étude de la dentition humaine sous tous ses aspects (embryologie, anatomie, pathologie, etc.). La précision de ses observations, parfois inédites, et la finesse de ses déductions font du Libellus de dentibus un ouvrage majeur dans l’histoire de l’odontologie. Bien qu’admirateur de Galien, Eustache n’hésite pas à remettre en question les connaissances des auteurs antiques ; il critique aussi, avec plus ou moins de sévérité, les théories de ses contemporains, notamment celles d’André Vésale envers lequel il a semble-t-il nourri une rancœur toute particulière.

La reconnaissance complète de l’importance d’Eustache a été tardive : son œuvre aujourd’hui la plus connue est restée occultée dans l’entourage de Pietro Matteo Pini, son disciple et héritier scientifique pendant plus d’un siècle, et ne fut retrouvée et publiée par Lancisi que bien longtemps après sa mort : il s’agit des Tables anatomiques gravées, qui ne furent publiées qu’en 1714. Quant à l’œuvre odontologique, appropriée par Hémard et maladroitement retransmise, elle restera incomprise jusqu’aux découvertes de John Hunter qui en démontreront la pertinence et la précocité scientifique (Anatomy of the human teeth, 1771).

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Eustache procédant à une dissection, détail du frontispice des Tabulae Anatomicae, 1717 (Cote BIU Santé 1938)

C’est la première fois que ce texte fondamental de l’odontologie est publié et traduit en français, grâce au travail de Micheline Ruel-Kellermann et de Marie-Rolande Leyrat-Cornuejols.
Les éditrices ont travaillé à partir de la première édition du Libellus de dentibus (Venise, 1563). Elles ont joint au texte les annotations de Pietro Matteo Pini, disciple et héritier scientifique d’Eustache, publiées en annexe du volume. Ces notes sont, pour beaucoup, des références aux autorités antiques (Aristote, Galien, Hippocrate, etc.) que cite Eustache, et que son disciple a clairement identifiées. L’index a aussi été traduit par Micheline Ruel-Kellermann : Pini y reprend, classés par ordre alphabétique, les grands thèmes abordés dans le Libellus par son maître, avec un renvoi vers le ou les passages concernés. Une introduction accompagne ce travail d’édition.

Sur le modèle de ce qui a été développé pour La Fabrique de Vésale et autres textes, les textes de la traduction et de la transcription ont fait l’objet d’un premier traitement en TEI (Text encoding Initiative) ; puis, ils ont été intégrés dans une base de données FileMaker Pro associée à Lasso pour l’affichage dans une interface de consultation.

Cette interface présente dans différentes fenêtres les images numériques du Libellus, la transcription et la traduction du texte. L’écran peut par ailleurs être divisé en deux, pour mettre en regard deux parties ou deux versions du texte.
Les notes de Pini, ajoutées à la fin du volume dans l’édition originale, ont été replacées dans le texte d’Eustache pour faciliter leur consultation, et des appels de notes ont été ajoutés. L’index fait l’objet d’un chapitre à-part.
Pour plus de détails, voir le mode d’emploi de l’interface.

L’édition du Libellus de dentibus et les textes d’accompagnement sont placés sous licence Creatives Commons (BY-NC : pas d’utilisation commerciale) par ses auteurs.

Claire Ménard

La revue L’Histoire en difficulté

Une fois n’est pas coutume, nous relayons un appel concernant la revue L’Histoire, qui partage les préoccupations de la BIU Santé pour la diffusion de l’histoire des sciences :

« Chers collègues, chers amis,

L’association des « Amis de la revue L’Histoire » s’est constituée pour la défense de la revue L’Histoire : son identité, son modèle économique, son indépendance rédactionnelle, son développement.

Maurice Szafran, Thierry Verret et Gilles Gramat en avril 2014, rejoints à l’automne 2014 par Claude Perdriel, se sont porté acquéreurs de Sophia Publications, petit groupe de presse qui réunit L’Histoire, Le Magazine littéraire, La Recherche et Historia. En janvier 2015, ils ont soudainement placé la société en redressement judiciaire. La situation de la presse culturelle spécialisée, comme celle de la presse dans son ensemble, est certes difficile. Des plans sociaux ont été mis en œuvre dans de nombreuses rédactions. Le redressement judiciaire, lui, est rarissime. Cette procédure nous inquiète et nous choque.

La revue résiste pourtant plutôt bien à la crise : elle compte plus de 40.000 abonnés exceptionnellement fidèles. Ses ventes en kiosque résistent aux tempêtes actuelles, fruit, nous le pensons, d’une politique éditoriale conséquente. Son modèle économique est viable.

Forte du travail d’une rédaction dirigée par Valérie Hannin, de celui de son comité scientifique et de son réseau de correspondants, elle offre une articulation sans équivalent entre les recherches universitaires internationales les plus récentes et le grand public cultivé. L’Histoire joue notamment un rôle essentiel dans la diffusion de la recherche et du savoir auprès des professeurs, des étudiants, des élèves des classes préparatoires et elle est la seule à le faire.

Ce travail en direction du grand public s’appuie sur une relation étroite avec les auteurs, sur une offre iconographique, cartographique et infographique abondante, qui sont au cœur de son identité et contribuent à son succès. Des partenariats historiques (Rendez-vous de Blois, Festival du film d’histoire de Pessac, La Fabrique de L’Histoire sur France Culture) et d’autres ponctuels (co-éditions avec des journaux comme Marianne, Les Échos, ou Paris-Match, des maisons d’édition comme Dargaud, Fayard, Le Seuil, des musées et des institutions culturelles variées) assurent sa notoriété et son rayonnement. Grâce aux efforts fournis par la rédaction les années précédentes, le site web attire 130.000 visites par mois. Des relais solides.

Nous sommes attachés à cette réussite et aux moyens de la pérenniser dans un contexte en évolution. Rejoignez-nous nombreux au sein de l’association des Amis de la revue L’Histoire.

Aidez-nous à la faire connaître en diffusant le plus largement possible ce message, et le lien vers la page Facebook.

Pour adhérer :
– Merci de bien vouloir envoyer un mail à notre adresse amisdelarevuelhistoire@gmail.com pour y laisser vos coordonnées
– Et merci également d’envoyer votre cotisation (20 euros) au siège de l’association, chez Patrick Boucheron, 123 quai de Valmy, 75010 Paris (chèque à l’ordre de « Association les amis de la revue L’Histoire »)

Michel Winock (Président), Patrick Boucheron (Secrétaire général), Cécile Rey (trésorière). »

Edition critique de la correspondance de Guy Patin (1601-1672)

Correspondance française de Guy Patin, éditée par Loïc Capron

Voici, près de trois siècles et demi après la mort de son auteur, la première édition complète de la correspondance de Guy Patin (1601-1672), par Loïc Capron, professeur de médecine interne de l’Université Paris Descartes. Elle est accessible en ligne, gratuitement, dans la section Éditions critiques de notre site.

Portrait de Guy Patin gravé en 1670
par Antoine Masson (1630-1700). Guy Patin, docteur régent et doyen de la Faculté de médecine de Paris, professeur au Collège royal de France.

Guy Patin, docteur régent et doyen de la Faculté de médecine de Paris, professeur au Collège royal de France, a laissé 1.017 lettres en français, écrites entre 1630 et sa mort. Il y parle de tout : de médecine et de science, de la politique agitée de son temps, de l’actualité en général, de religion, des livres – sa passion – et de leur commerce, de sa vie personnelle. Ce n’est pas un héros de la science en progrès qui apparaît à la lecture, mais bien plutôt un personnage passéiste, digne d’avoir sans doute servi de modèle au Diafoirus du Malade imaginaire de Molière. Mais à condition d’en bien comprendre le contexte et la portée, les lettres écrites par ce curieux infatigable au long de quatre décennies offrent un point d’observation original et remarquable sur maints aspects de son siècle.

Né le 6 décembre 1949 à Arras, Loïc Capron est professeur de médecine interne de l’Université Paris Descartes. Il a cessé ses activités de médecin des hôpitaux en 2012 quand il a été élu pour 4 ans président de la Commission médicale d’établissement de l’AP-HP.

L’édition offerte par Loïc Capron exploite systématiquement ce point d’observation. On y trouvera plus de 16.000 notes explicatives qui donnent les clés pour l’examen critique du contenu. Les personnages, les événements et les idées y sont situés dans leur contexte et donnent souvent lieu à d’importants développements. D’abondantes citations des textes du temps reconstituent pour le lecteur le concert des voix de cette époque. Les passages en latin (ou parfois en grec) dont les lettres sont truffées sont traduits.

En outre, les lettres sont méthodiquement balisées par un index de plus de 43.000 entrées, qui permet de trouver dans les lettres les mentions de milliers de personnages et de faits. On verra d’ailleurs que cet index original permet au besoin, en cours de lecture, d’identifier presque instantanément ce dont il est question.

 

M. Diafoirus, Thomas Diafoirus et le malade, par Brion (XIXe siècle)
Il est probable que Guy Patin a servi de modèle à Diafoirus, le médecin ridicule du Malade imaginaire. Il fut en tout cas comme lui l’auteur, d’une thèse contre Harvey et « contre les circulateurs », qui conclut : « Ergo motus sanguinis circularis est impossibilis. »

Aussi cette édition est-elle bien plus que ce que son titre annonce : c’est une mine creusée au cœur du XVIIe siècle. De note en note, avec une érudition vaste et claire, et avec son œil de médecin passionné d’histoire, Loïc Capron a écrit, pour son plaisir et pour le nôtre, une encyclopédie du monde de Guy Patin.

Un site Web ne permet pas d’évaluer facilement le volume d’un ouvrage. Si l’on imprimait celui-ci, il occuperait 5.400 pages au format A4.

L’édition de la correspondance française sera suivie dans quelque temps par celle de la correspondance latine de Guy Patin, conservée dans le manuscrit Ms 2007 de la BIU Santé, puis par l’édition des Commentaires de la Faculté de médecine rédigés par Guy Patin (BIU Santé, Ms 13, 1651-1652), toujours par Loïc Capron.

 

Abraham Bosse. La Galerie du Palais (détail, prov. BnF Gallica). « Bibliomane » invétéré, trafiquant de livres, Guy Patin a construit, puis perdu, une nombreuse bibliothèque. Sa correspondance est une source importante d’information pour l’histoire du livre et de la librairie.

La correspondance et l’apparat critique sont placés par leur auteur sous Licence Creative Commons (BY-NC : réutilisation libre à but non commercial, sous réserve d’attribution correcte).

Emblème final de l’ouvrage de Jean Chartier, La science du plomb sacre des sages, ou de l’antimoine, où sont décrites ses rares & particulieres vertus, puissances et qualitez, 1651.
Guy Patin exécrait les innovations médicales en général, et tout particulièrement celles qui émanaient de la chimie, telles que l’antimoine (essentiellement employé comme vomitif sous la forme de vin émétique). La guerre de l’antimoine fit rage pendant des années, et fut perdue finalement par Patin et son camp. Les échos en retentissent tout au long de la correspondance.

La BIU Santé remercie particulièrement Marie-France Claerebout (Aldine) pour son aide généreuse, constante et toujours avisée ; ainsi que Thomas Houques (société Inovcom) qui a assuré avec talent la transformation de l’énorme fichier de traitement de texte original vers le format de base de données adapté au Web défini par la bibliothèque.

Portrait de Jansenius (source BnF Gallica). Patin, dans sa correspondance, n’a fait mystère ni de ses sympathies pour les jansénistes et les réformés, ni de son hostilité contre les jésuites ; ses raisons, à ce qu’on peut en lire, étaient bien moins théologiques que politiques.

Déjà paru dans la section Éditions critiques du site de la BIU Santé : La Fabrique de Vésale et autres textes, par Jacqueline Vons et Stéphane Velut.

Le salut de la France dans les armes de la ville de Paris (1648). Gravure MS 15159, bibliothèque Mazarine, Paris, cliché Charmet, tous droits réservés. Guy Patin commente abondamment les événements de la Fronde, dont de multiples acteurs traversent la correspondance.

Pour en savoir plus

Lien direct vers l’édition critique de la correspondance

– Entrevue avec Loïc Capron (avec : Marie-France Claerebout [Aldine], Jacques Gana [BIU Santé, Département de l’informatique], Jean-François Vincent [BIU Santé, Service d’histoire de la santé].)

« La Fabrique de Vésale et autres textes » est en ligne

Mise en ligne du projet Vésale

Nous vous l’annoncions l’année passée, c’est désormais chose faite : les premiers éléments du projet Vésale sont accessibles en ligne, à l’adresse suivante :

https://www.biusante.parisdescartes.fr/vesale

Sont déjà disponibles les textes liminaires et l’intégralité du Livre I du De humani corporis fabrica (1543), et les textes liminaires de la Paraphrasis (1537), avec introductions (en français et en anglais), transcriptions, traductions et commentaires.

Le livre VII est d’ores et déjà en préparation.

Cette première édition et traduction en français de la Fabrique et des textes associés a été réalisée par Jacqueline Vons et Stéphane Velut.

 

Les choix éditoriaux

Ce travail de longue haleine est la première entreprise de ce genre en France. L’introduction de Jacqueline Vons et Stéphane Velut précise les choix retenus pour ce travail d’édition. Tout d’abord, le texte est celui de 1543, et non pas l’édition remaniée de 1555.

« Il nous a semblé que dans la mesure où rien n’est définitif en science, il était plus pertinent de connaître le point de départ qu’un terme, par nature provisoire […]

Le texte de 1543 présente l’avantage d’être le premier état de la pensée et de l’écriture d’un homme jeune, désireux de faire connaître des découvertes dont il sait qu’elles gênent considérablement la tradition du monde universitaire, fier assurément de ce qu’il enseigne, et qui, à cause de cela, ne sait pas bien ménager ses (futurs) ennemis. »

Vous pouvez en apprendre davantage sur ces choix dans l’introduction au projet.

Les choix techniques

Toute la partie technique a été réalisée à la BIU Santé, avec la collaboration initiale d’une stagiaire de l’École des chartes dirigée par Florence Clavaud.

Techniquement, le travail repose sur un format de structuration des documents, la TEI (Text Encoding Initiative) ; la diffusion se fait grâce à une application de FileMaker Pro 12 (base de données), associé à Lasso 8.6 (interface web).

Pour le détail de ces questions, vous pouvez consulter cette page ou nous contacter.

Nous avons dû mettre en place une interface relativement complexe, en raison des particularités éditoriales de la Fabrique. Il s’agit en effet d’un volume de grand format, abondamment illustré, et dont les gravures sur bois comportent de nombreux appels de légendes sous forme de lettrages souvent très fins. Pour rendre possible la circulation entre l’image et le texte, le recours au zoom était indispensable. Nous avons aussi dû permettre de diviser l’écran en deux parties, pour la mise en relation de l’image du texte original et de sa traduction ou de sa transcription.

La vidéo ci-dessous (muette) vous donne un aperçu des possibilités de l’interface :

Le mode d’emploi de l’ensemble est disponible en cliquant ici.

L’année Vésale

En publiant ce site, la Bibliothèque interuniversitaire de Santé s’associe aux manifestations qui marquent cette année le 500e anniversaire de la naissance de Vésale.

Elle participe notamment à deux autres événements majeurs :

  • Le colloque Vesalius Continuum à Zakynthos, 4-8 sept. 2014 : http://vesalius2014.be/
  • Les Journées d’étude des 21-22 novembre 2014 : La Fabrique de Vésale. La mémoire d’un livre (Bibliothèque et Académie nationale de médecine ; BIU Santé ; Société française d’histoire de la médecine).

En savoir plus

Contacts :

info-hist@biusante.parisdescartes.fr
jacqueline.vons@univ-tours.fr

La Fabrique de Vésale et autres textes inaugure une nouvelle rubrique du site de la BIU Santé, « Éditions critiques » : https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/debut.htm.

Jean-François Vincent

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