Table ronde sur les besoins documentaires en santé (édition 2015)

Le 24 novembre 2015, une table ronde a été organisée par la BIU Santé et l’Urfist de Paris sur le thème des besoins documentaires en santé.

Comme en 2014, étudiants, enseignants et professionnels de la santé et de la documentation ont été invités à parler de leurs besoins et pratiques documentaires. Vous trouverez ci-dessous le compte-rendu de ces échanges (rédigé avec l’aide des intervenants, merci encore à eux pour leur participation).

Étaient présents sur l’estrade :

  • Marie Ecollan, interne de médecine générale (Paris Descartes)
  • Sophie Guiquerro, responsable de la bibliothèque de l’hôpital européen Georges-Pompidou (SCD Paris Descartes)
  • Nicole Mesnil, sage-femme enseignante (École de sages-femmes Baudelocque – Paris)
  • Murielle Supper, adjointe à la directrice de l’Institut en soins infirmiers Camille-Claudel d’Argenteuil

tableronde2015Les trois thèmes traditionnels ont été abordés au cours de cette table ronde :

  1. Quels sont les usages et besoins pour la documentation en santé ?
  2. Quels sont les outils utilisés par les professionnels de santé pour accéder à la documentation, ont-ils reçu une formation spécifique à ces outils ?
  3. Comment accède-t-on aux documents, dans un contexte budgétaire contraint ?

Les besoins en documentation des différents publics

En école de sages-femmes, Nicole Mesnil précise qu’il faut suivre de manière privilégiée la dynamique des étudiants, selon l’évolution du cursus de maïeutique basé sur le développement des compétences métier. Ces étudiants ont cours à l’école Baudelocque ou à la faculté de médecine, et fréquentent toutes les bibliothèques. Ils rapportent un manque de places assises à la bibliothèque de la faculté de médecine, particulièrement l’après-midi (présence des étudiants en médecine), bien qu’on leur ouvre une salle de travail à l’école, avec un seul ordinateur connecté à Internet, sans ouvrages de référence (pas de surveillance possible). Une augmentation du nombre de postes informatiques pourrait permettre un accès facilité aux ressources en ligne sur place et/ou le décalage des horaires des centres de documentation pour s’adapter aux rythmes des étudiants.

Il y a 25 ans, les moyens étaient plus limités, on a désormais accès à des bibliothèques bien organisées, notamment à distance grâce à l’informatique.

Concernant le cas particulier des sages-femmes, ces dernières ont surtout besoin de ressources diversifiées (santé publique ; sciences humaines ; unités générales organiques – anatomie, physiologie, physiopathologie ; microbiologie, embryologie, maïeutique-obstétrique ; néonatologie-pédiatrie ; initiation à la recherche). Dans les bibliothèques les étudiants sont invités à formuler des suggestions d’acquisitions. Pour la pharmacologie clinique, les sites les plus utilisés sont le Vidal et ses Recos, ainsi que le Centre de référence sur les agents tératogènes (le Crat) pour l’usage des médicaments en périnatalité. Les étudiants ont des recherches à faire régulièrement tout le long du cursus : exposés, projets, lectures critiques d’articles, recherche de données probantes cliniques, préparation et rédaction d’un mémoire.

Les enseignants en maïeutique ont besoin de recommandations et de revues, qu’ils trouvent sur Delform (portail des ressources électroniques de l’AP-HP) ou via les abonnements de Paris Descartes et de la BIU Santé. Les récents désabonnements posent certains problèmes, par exemple en ingénierie de la formation en santé, avec des revues comme Medical Teacher, désormais indisponibles. Il faut alors se rendre dans d’autres bibliothèques pour consulter certains articles, à la BU de Bobigny par exemple. Les cours et les diaporamas intègrent systématiquement des données bibliographiques, c’est une obligation pour garantir le côté scientifique des enseignements.

Murielle Supper est, quant à elle, responsable pédagogique et adjointe à la directrice de l’Institut en soins infirmiers Camille-Claudel d’Argenteuil, institut rattaché à l’université Paris Diderot (Paris 7).

Selon elle, les besoins évoluent en fonction des années d’étude. Les 75 étudiants de première année sortent du bac, et ne sont pas autonomes dans leurs recherches documentaires. Les professeurs de la faculté de médecine assurent les cours d’anatomie et de physiologie mais pas forcément en présentiel. Les étudiants ont accès aux diaporamas des médecins sur l’ENT. Ils éprouvent régulièrement des difficultés pour les comprendre et viennent au centre de documentation d’Argenteuil pour emprunter des ouvrages ou des documents en rapport avec l’anatomie-physiologie, la pharmacologie, les pathologies. Comme ils ne savent généralement pas chercher, les documentalistes doivent leur présenter comment effectuer une recherche sur l’ENT ou les réseaux. Mais si l’utilisation n’est pas immédiate, ils perdent leurs repères et n’osent plus demander comment faire par la suite.

En 3e année, les étudiants infirmiers doivent rendre un travail de recherche sur un thème d’intérêt professionnel (ex : législation professionnelle, relation soignant/soigné, problèmes éthiques…). Durant cette dernière année d’études, ils sont souvent en stages, avec des horaires en 12h/10h, travaillent la nuit, les week-ends, les jours fériés et ces plannings ne sont pas facilement compatibles avec les horaires d’ouverture des bibliothèques. Ils sont pressés, et doivent trouver l’information rapidement.

De leur côté, les formateurs ont des besoins liés à des questions spécifiques : par exemple «former les étudiants à la prise en charge des patients dont la durée moyenne de séjour est de plus en plus réduite». Comment préparer et former les étudiants à cette prise en charge excessivement rapide ? Autre exemple : «Comment former les soignants à la manière de présenter les plateaux repas pour favoriser l’alimentation des patients ?».

Si on ne trouve pas de documentation pédagogique sur ces problématiques, on fait fonctionner son réseau par le biais du téléphone, avec des experts de la discipline que l’on connaît (sociologues, diététiciennes…). On trouve des articles sur la chirurgie ambulatoire dans Cairn, ou des articles dans EM Premium. «Cette recherche sans des spécialistes est très chronophage et souvent décourageante. Travailler sur des questions précises prend beaucoup de temps pour des résultats peu performants.»

« C’est l’enfer d’avoir des questions aussi précises que cela, sauf quand on peut prendre le temps. »

Une autre difficulté vient de l’anglais, langue dans laquelle est publiée la plupart des articles de recherches scientifiques. Chez les étudiants (qui assistent à des cours donnés par de véritables anglophones), un quart peut-être maîtrise cette langue. Peu d’entre eux lisent des articles en anglais, alors qu’on en a besoin dès qu’on entreprend des recherches sur des questions précises. C’est le même problème pour les cadres de santé formateurs. Il y aurait besoin d’un service pour traduire les articles scientifiques.

Pour les étudiants en médecine, c’est Marie Ecollan (interne de médecine générale à Paris Descartes) qui évoque les besoins en documentation, qui ne sont pas les mêmes pour les externes et les internes.

Les externes ont le concours en ligne de mire, ils travaillent sur les référentiels sur lesquels ils vont être interrogés, notamment les livres édités par les collèges des enseignants. Une fois devenus internes, les étudiants commencent à avoir des demandes plus spécifiques. En début d’internat, ils ne savent pas forcément se servir des outils. Les facultés commencent à proposer des formations en la matière, mais les emplois du temps des internes sont peu compatibles avec les horaires des bibliothèques, ce sont surtout les accès distants et les revues en ligne qui leur sont alors utiles. Quand ils commencent à travailler sur leur thèse d’exercice, les questions se précisent et ils ont souvent plus de temps à consacrer à la recherche de documents.

À Paris Descartes, en début d’internat, les étudiants de sa promotion ont pu bénéficier de micro-formations, données par des non-bibliothécaires, et les étudiants n’étaient, au final, pas bien formés à la recherche documentaire. Et au début des stages d’internat, cela n’intéresse pas les étudiants, qui rentrent chez eux à 22h, exténués. De nouvelles formations plus adaptées existent désormais, mais il vaut mieux les suivre au moment où l’on va avoir à utiliser ces compétences. Elles sont par exemple systématiquement proposées aux internes de médecine générale de Paris Descartes.

tableronde2015-2Selon Marie Ecollan, le meilleur moment pour proposer des formations, c’est quand l’interne commence sa thèse – ce qui dépend des étudiants. Le mieux est de proposer à partir de la 2e année d’internat, plusieurs fois dans l’année, pour que les étudiants puissent s’inscrire quand ils en ressentent le besoin. Il ne serait de toute façon pas possible de former tout le monde en même temps. En externat, ce n’est guère utile, sauf quand certains étudiants ont des besoins de recherche ponctuels.

Nicole Mesnil rappelle que les sages-femmes doivent faire des exposés de santé publique en 2e année, et tenir des portfolios à partir de la 3e année. L’enseignement de 5e année fait appel à la lecture critique pour les études de cas clinique (les étudiants doivent présenter un choix de trois études de qualité en lien avec leur démarche clinique). Quant au mémoire de fin d’études, il se prépare les deux dernières années. Les étudiants participent aussi à des travaux cliniques, avec recherche de données probantes, et des exposés en petits groupes où ils doivent résoudre des cas cliniques en fonction des recommandations. Pour les mémoires, des groupes d’émergence (ou tutoriels) sont organisés pour aider les étudiants dans la construction de leur synopsis de mémoire.

Sophie Guiquerro évoque le cas de la bibliothèque de l’hôpital européen Georges-Pompidou (52 places). On y voit passer tout le public médical et paramédical, parfois aussi des élèves infirmiers, des internes qui arrivent en blouse, pendant leur pause-déjeuner… La bibliothèque est ouverte de 9h30 à 23h, y compris le samedi (titulaires jusqu’à 19h puis des moniteurs étudiants assurent le relais). Depuis 10 ans, un système de formations à la carte a été mis en place. Au départ sur des créneaux fixes, déterminés par la bibliothèque. Mais les personnes qui venaient devaient parfois partir précipitamment car elles étaient bipéees, ou bien elles s’endormaient car elles sortaient de garde. Désormais les formations sont organisées à la carte, pour tous les types de publics – surtout des internes qui viennent se former à PubMed. C’est très chronophage (200 heures de formation dans l’année, 50% du temps de travail des bibliothécaires), on se met à la portée du public. Le créneau idéal étant tôt le matin, avant le bloc ou les consultations. Les médecins sont alors frais et dispos, pas encore sollicités. En une heure, on leur présente PubMed, le B.A.-BA du MeSH. Parfois les demandes sont plus pointues, avec de l’Evidence-Based Medicine, pour accompagner des projets de recherche clinique. Il faut alors interroger les Clinical Queries, Cochrane, Embase. C’est de l’accompagnement à la recherche documentaire, qu’on fait avant de lancer budgétairement un projet. Il faut parfois faire de la veille, pour des projets au final annulés.

Les étudiants connaissent peu le concept d’EBM, ils se basent plutôt sur les référentiels car leurs études sont centrées dessus. Via les cours de lecture critique d’article (LCA), ils apprennent à décortiquer des documents, mais pas forcément à les chercher de manière poussée.

Murielle Supper indique qu’en 2e année de formation en soins infirmiers, les étudiants sont amenés à analyser des articles de recherche, en fonction d’une méthodologie enseignée à la faculté Paris Diderot. Ce sont les formateurs qui cherchent et fournissent les articles à analyser, en lien avec les cours. Trouver tous les ans des articles scientifiques de recherche en français n’est pas toujours aisé.

Dans le public, Régine Daval est chargée de collection à la Bibliothèque publique d’informations (BPI), notamment pour la médecine et la santé publique. Cet établissement accueille un public très varié : le grand public, qui vient chercher des renseignements sur un symptôme, des élèves infirmiers, des personnes passant les concours paramédicaux (auxiliaire de puériculture, ergothérapeutes, podologues…), des étudiants en médecine… Ces derniers sont souvent en première année, ils viennent se préparer aux épreuves de la PACES ou pour les 2ème cycle consulter la collection de référentiels. Les ouvrages sont disponibles en un exemplaire, parfois deux, car ils se dégradent rapidement (les Référentiels des collèges par exemple sont souvent découpés). On peut aussi consulter à la BPI EM Premium, PubMed, CISMeF, des ouvrages de préparation aux concours, des livres d’anatomie… Des visites thématiques sont organisées, par exemple avec les auxiliaires de puériculture. Certains formateurs viennent avec un sujet, sur lequel ils souhaitent faire travailler leurs étudiants. On leur conseille de commencer par consulter un dictionnaire, pour décrypter les sujets en amont. La bibliothèque est ouverte de midi à 22h, sauf les mardis (et le 1er mai !), et les week-ends et jours fériés de 11h à 22h. Beaucoup de publics viennent profiter de ces horaires larges. La documentation consultée est principalement en français, même si en médecine certains étudiants commencent à demander de l’anglais. La BPI a par exemple acheté des ebooks chez EBSCOhost pour répondre à cette demande. Mais ces ressources électroniques, invisibles pour le public, nécessitent de l’information et des formations si on veut qu’elles soient consultées. Il faut accompagner les lecteurs et ouvrir avec eux les ressources.

« La formation, c’est le maître-mot. »

Pour les sages-femmes, Nicole Mesnil précise que des formations en anglais ont lieu les deux premières années, et en master avec des sages-femmes bilingues. Il est possible pour ce faire de travailler en petits groupes, après les stages et les cours, entre 17 et 20h. Les articles en anglais sont souvent d’un niveau accessible, car souvent écrits par des non anglophones. Seuls les articles écrits par de «vrais» américains peuvent être plus difficiles à comprendre. Il faut désacraliser l’anglais, c’est toujours le même vocabulaire qu’on retrouvera dans son domaine de recherche.

En médecine des cours d’anglais sont également donnés, comme le rapporte Marie Ecollan. Il s’agit plutôt d’apprendre du vocabulaire pour pouvoir parler aux patients, et pratiquer la LCA (notamment en 3e année). Tous les polycopiés distribués pour la LCA sont en anglais, même si l’analyse s’effectue ensuite en français. Pour le reste, on apprend sur le tas, car la recherche se fait en anglais, même pour les équipes françaises. On n’a pas le choix si l’on veut poursuivre dans la recherche.

Quels outils pour accéder à la documentation ?

Marie Ecollan précise qu’elle utilise beaucoup de ressources en ligne, à l’hôpital ou chez elle, certaines sur place en bibliothèque. Mais elle est parfois gênée par le fait de ne pas savoir se servir de certains outils. C’est surtout Google qui est utilisé jusqu’à l’externat, puis ensuite PubMed et la consultation des articles de revues en se connectant via les ENT.

À l’IFSI d’Argenteuil, les étudiants (et les formateurs) sont systématiquement formés par les bibliothécaires du centre de documentation. Les outils vus sont la BDSP et l’ENT de Paris Diderot (pour trouver les cours et accéder à EM Premium et à CAIRN). Si les articles ne sont pas disponibles, les étudiants n’iront pas les chercher dans une autre bibliothèque. Ils sont trop dispersés géographiquement (de Paris aux portes de l’Oise). La ressource première, c’est la documentaliste de l’hôpital, perçue comme une aide, quelqu’un qui va trouver LA ressource, donner des pistes… Surtout en 3e année quand il faut travailler sur son mémoire.

À l’HEGP, certains internes sont orientés par leurs seniors vers la bibliothèque. «Allez voir Sophie !» Une attention particulière est portée aux internes inter-CHU, qui en province ne bénéficient pas forcément d’une offre de formation. Tous les internes finissent par arriver à la bibliothèque, ne serait-ce que par le bouche-à-oreille. On leur présente le site Web, le Wifi, l’accès distant, les catalogues et bases de données, en quelques minutes au moment de l’inscription. On les revoit ensuite quand ils doivent intervenir dans un staff de bibliographie ou faire une présentation d’article. On leur fait prendre conscience que le site Web de la BU, c’est énormément d’argent mis à leur disposition, les ressources ne sont pas gratuites. Les lecteurs ne sont pas conscients de ces coûts, sauf quand surviennent des problèmes de désabonnement et qu’ils n’ont plus accès à LEUR revue. On leur parle alors de Couperin et on tente de les sensibiliser, on leur parle également des accès Inserm et AP-HP. Sur Delform (AP-HP) ils ont aussi accès des périodiques à visée réellement clinique.

Murielle Supper rappelle que les hôpitaux sont eux aussi contraints de réaliser des économies. Les prix des revues professionnelles sont très élevés et doivent être renégociés chaque année. Ces périodiques ne sont pas assez utilisés mais si on supprime ces abonnements papiers, que restera-t-il quand on ne pourra plus avoir accès aux revues en ligne ? Aura-t-on accès aux archives ?

Marie Ecollan indique que la plupart des étudiants ne sont pas sensibles aux problématiques de l’Open Access. D’autant qu’ils bénéficient souvent de plusieurs codes institutionnels qui leur ouvrent une offre assez large (leur université, l’AP-HP…). Les internes en double cursus de sciences sont davantage conscients de ces enjeux. Cela évolue quand ils sont confrontés à des coupures d’accès. Et surtout lorsqu’ils deviennent praticiens et qu’ils ne dépendent plus d’un hôpital ou d’une université.

tableronde2015-3À partir de la 3e année, les étudiants en médecine vont de moins en moins en cours, et travaillent de plus en plus à la bibliothèque. Surtout pour le cadre de travail, le silence, les accès Internet. Mais le ratio étudiants / places assises est notoirement mauvais pour les étudiants en médecine sur Paris.

Pour répondre à ces enjeux, la Cité de la Santé rencontre des problématiques proches de celles de la BPI, selon Nathalie Chalhoub, responsable de sa bibliothèque. Ouverte à tous les types de lecteurs, elle propose de nombreux services, souvent en ligne. Les étudiants, notamment publics paramédicaux, sont de plus en plus nombreux, pour des questions d’accès aux ressources et d’horaires. Un fonds spécifique a été mis en place pour eux, car leurs centres de documentation sont souvent moins bien dotés que les BU destinées aux étudiants en médecine. On propose par exemple des ouvrages sur la méthodologie de recherche pour les mémoires en soins infirmiers.

C’est une phase d’évolution de toute la bibliothèque, les abonnements papiers sont remplacés par des abonnements en ligne et des bases de données. Des négociations sont en cours, par exemple avec Elsevier Masson pour la ressource ClinicalKey. Mais une offre sur mesure est nécessaire, car la bibliothèque n’a pas besoin de tous les contenus de cette base. Un peu à part, en dehors du réseau des BU ou des bibliothèques municipales, la bibliothèque de la Cité souffre de son relatif isolement pour ce type de négociations. Il n’y a pas assez d’actions ou d’abonnements pris en commun. Les problèmes de budget et de personnel amènent également à s’interroger sur la nécessité de garder certains fonds, comme l’histoire des sciences. Il n’y a plus non plus de périodiques en anglais. La fréquentation baisse, on doit justifier l’utilisation des espaces et des collections, par rapport au musée adjacent. On s’oriente de plus en plus vers des animations sur la santé en direction du grand public, ou sur l’acquisition d’ebooks. Le service de questions-réponses en ligne est aussi orienté grand public, avec des questions sur les analyses de sang, les maladies… Des élèves infirmiers y posent aussi des questions sur leur mémoire de fin d’étude d’où la mise en place d’une FAQ dédiée. Le mardi, quand la BPI est fermée, la fréquentation est plus importante, ainsi que le dimanche pendant les périodes de révision (décembre, juin, Toussaint).

Remarque confirmée par Nicole Mesnil, pour l’École de sages-femmes Baudelocque. Certains étudiants n’ont pas d’espace pour travailler chez eux, voire pas d’accès à Internet (bien qu’ils possèdent un smartphone), d’où la fréquentation des bibliothèques municipales, proche de leur domicile.

Accès aux documents

Les étudiants, comme Marie Ecollan, bénéficient souvent de plusieurs accès différents.

Mais à chaque fois qu’on s’y remet, il faut un bon quart d’heure pour se souvenir comment fonctionne l’accès distant de chaque institution.

Certains étudiants ignorent même qu’ils peuvent bénéficier de ces accès de chez eux. Ou bien on s’appelle entre amis pour s’aider à se connecter. Et quand on ne trouve pas le document recherché, on n’a pas le réflexe de demander à un bibliothécaire, on ne va pas souvent à la bibliothèque. On pose parfois la question via les services de questions à distance.

Pour les IFSI, Murielle Supper précise que les étudiants se perdent rapidement dans l’offre documentaire, avec des sites qui sont rarement intuitifs : les étudiants reviennent en arrière, se découragent… et finissent par demander l’aide des documentalistes. Tous les IFSI ne sont pas égaux pour accéder à l’offre documentaire. L’institut d’Argenteuil a la chance de bénéficier des accès à l’ENT de Paris Diderot qui possède une offre très importante et de qualité.

On évoque le problème plus général de la méconnaissance par les étudiants de ce que peuvent offrir les bibliothèques. Comment sensibiliser un public de plusieurs centaines d’internes quand on a la chance de les voir quelques minutes dans un amphi lors de leur accueil à l’hôpital ? Tout va alors très vite, les présentations des bibliothèques, quand il y en a, sont noyées au milieu d’informations plus importantes. Quels moyens de communication seraient plus efficaces ?

Marie Ecollan évoque le cas des étudiants en médecine générale, les plus faciles à toucher selon elle. Ils ont beaucoup de cours et sont souvent réunis tous ensemble. Les autres spécialités sont moins faciles à croiser en présentiel, d’où l’importance des réunions de rentrée. Le mail peut aussi être une option, mais les étudiants reçoivent déjà beaucoup de messages.

L’exemple de l’hôpital Sainte-Anne est évoqué : on y accueille les internes chaque semestre. Un petit support est distribué à cette occasion, avec les informations pratiques, la localisation de la bibliothèque, les horaires. Mais c’est surtout quand un praticien conseille à un étudiant d’aller à la bibliothèque que ce dernier va faire l’effort de venir, pour une question documentaire ou un problème de gestion de références.

À l’HEGP, Sophie Guiquerro propose de son côté une veille documentaire, depuis dix ans. Tous les quinze jours, un mailing de 5 à 6 pages est envoyé aux médecins de l’hôpital (500 praticiens). Y sont présentées les actualités scientifiques de l’institution, les publications dans les revues infirmières, le Web of Science, Scopus (quand Paris Descartes était abonnée) et PubMed. Cela permet de faire connaître les actions de la bibliothèque. Quand un praticien appelle pour signaler qu’une de ses publications ne figure pas dans cette veille, on l’invite à passer. D’autres viennent remercier car le mailing leur a appris qu’un chercheur, quatre portes plus loin, travaillait sur le même sujet qu’eux.

Anne Fox de la Bibliothèque Clermont Université évoque aussi les formations à la carte. Elles fonctionnement beaucoup par le bouche-à-oreille, les seniors y envoient ensuite leurs internes. Cela prend beaucoup de temps, sur des horaires décalés. Quand les praticiens viennent en formation, on leur demande leurs sujets, les bibliothécaires apprennent la terminologie médicale, c’est un dialogue enrichissant.

De son côté, la BU Vauban de l’université catholique de Lille a produit un jeu sérieux sur la recherche documentaire. Avec ces outils plus ludiques, ce sont davantage les étudiants de première année qui sont visés, on leur explique où se situe la bibliothèque, comment lire une cote, etc. Dans le jeu on pointe ensuite vers des tutoriels disponibles sur Youtube.

En conclusion, Nicole Mesnil évoque les sites des Ateliers santé, sites de ressources locales pour les professionnels, pour une meilleure coordination des soins. Les bibliothèques n’y sont pas associées pour le moment. Via ces sites sont mises en place des rencontres entre professionnels, notamment pour les liens entre l’hôpital et l’ambulatoire. Il faudrait également voir les sites des réseaux, surtout les réseaux périnataux : http://www.perinat-france.org/portail-professionnel/ ; http://www.ffrsp.fr/, qui permettent de se tenir à jour. Un exemple : http://www.santepaysdelaloire.com/. Les coordinateurs de ces réseaux sont des médecins, des sages-femmes… Il y aurait peut-être un moyen d’informer à l’accès aux bibliothèques, au moins en ligne.

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