Cyclo-biblio, version 2017 : « Le Léman »

Comme l’an passé, 70 bibliothécaires, français et francophones, se sont rejoints fin juin à Genève pour une 4ème édition française de Cyclo-biblio, autour du lac Léman. Emmanuelle Prevost, de la BIU Santé, et Élisabeth Collin-Canto, du SCD Paris Descartes étaient à nouveau de la partie.

À la différence des congrès traditionnels, Cyclo-biblio est une conférence de bibliothécaires à vélo, qui sortent de leurs bureaux et s’engagent concrètement, en partageant une semaine de vie commune, pour échanger sur leurs pratiques et problématiques professionnelles, visitant les bibliothèques qui jalonnent leur parcours,  prenant contact avec les élus, les media, le public… En un mot, une campagne d’ «advocacy», qui vise à mieux faire connaître et promouvoir le rôle, toujours révolutionnaire, des bibliothèques dans la société, les missions, services et ressources qu’elles proposent, et les menaces ou tensions qui pèsent sur elles.

Le parcours fut enchanteur (de Genève à Genève, le tour du lac) et la canicule quotidienne ! L’usage du vélo, mode de déplacement alternatif, attire les sympathies, crée l’évènement et assure au mouvement une visibilité.

N’ayant rejoint le tour qu’à Lausanne, pour cause de participation à la 1ère JNDBS (Journée nationale des bibliothécaires et documentalistes en santé) à la BIU Santé, j’ai manqué, entre autres, au départ de Genève, sur les 28 visites, celle de la bibliothèque de l’ONU.

L’arrivée à Lausanne, le troisième soir, s’ouvre sur une bibliothèque hors-les-murs, organisée par les bibliothèques de la ville, qui réunit sur l’herbe les représentants des bibliothèques publiques, les cyclothécaires, des associations et le public.

Le lendemain matin, à 7h, sur les vélos ! Pour la visite du Rolex Learning Center, abritant la bibliothèque de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, l’EPFL, ouvert de 7h à minuit, 7 jours sur 7.

Les deux architectes japonais, de l’agence SANAA, ont conçu cette vague de béton et de verre – deux hectares d’emprise au sol, à la fois comme un temple du savoir et une grande variation organique sur la vacuité, la blancheur, le rien, autant de propositions ouvertes.

Son architecture, novatrice, toute en pentes douces et terrasses ondulant autour de patios intérieurs surmontés de puits de lumière, vise à illustrer le décloisonnement du savoir et la disparition des frontières entre les hommes ainsi qu’entre les différentes disciplines scientifiques.

20.000 m2 pour une pièce unique, sans mur ni porte, où étudiants, chercheurs, grand public empruntent le flux continu qui circule au sein de cet univers résolument épuré et dématérialisé, près des rives du lac Léman, face à la chaîne des Alpes, au milieu des hautes herbes où paissent des moutons.

Tout autre point de vue : la petite bibliothèque d’Alliance Sud, groupe de réflexion et d’action communs de six ONG suisses, engagées sur le plan politico-économique et auprès du grand public pour des relations Nord-Sud équitables et un développement durable. L’un des bibliothécaires participant à Cyclo-biblio travaille précisément à Lausanne, et nous présente les archives de presse, qui constituent une documentation thématique – agriculture/pêche, armement, coopération internationale, culture, démographie, économie, éducation, endettement, énergie, environnement, faim… et par pays (tous les pays du monde sauf l’Europe de l’ouest et l’Amérique du nord), très consultée.

«Bibliothèque des bibliothèques», Bibliomedia Suisse est une fondation de droit public active dans le développement des bibliothèques et la promotion de la lecture. Visite, ateliers, cours de sketchnotes,  puis dîner aux lampions dans le jardin, concert…

L’étape de Vevey, toujours côté suisse, permet de rencontrer le public pour une opération d’«advocacy» sur les rives magnifiques du lac et de visiter une médiathèque extrêmement vivante, où l’espace jeunesse doit être réaménagé en fonction des vœux et maquettes réalisés par les adolescents de la commune, sollicités, où sera prévu un espace numérique avec consoles pour rétrogaming, prêts de jeux vidéo, tablettes, liseuses, ateliers, tandis que fleurissent aussi une grainothèque et un café littéraire.

Dernière étape sur la rive suisse : la Bibliothèque de l’Abbaye de Saint-Maurice, qui possède plus de 130 000 ouvrages relatifs principalement aux sciences religieuses, aux littératures classique et française, à l’histoire, à l’art et à la philosophie. Le fonds ancien, composé de près de 8000 ouvrages antérieurs à 1850, est entreposé dans les étagères de la salle capitulaire, les plus anciens documents originaux datant du 10e siècle. Deux salles sont réservées aux Vallesiana (collections valaisannes) et aux Agaunensiana qui rassemblent de riches collections dédiées à saint Maurice, à son Abbaye et à son histoire.

Nuit à l’hôtellerie de l’abbaye. Dernières côtes avant l’arrivée à Thonon-les-Bains, où, comme à chaque étape, l’un(e) des cyclothécaires lit aux représentants de la municipalité et des bibliothèques, aux élus et au public présents, un message de sa composition sur le sens de cette association. Fanfare municipale de jeunes musiciens, rafraîchissements, discours… et accueil très chaleureux des collègues de l’actuelle médiathèque, qui doit emménager à l’issue d’un vaste chantier, dans un ancien couvent, futur Pôle culturel de la ville.

Le point final et point d’orgue sera atteint au terme du périple, à l’arrivée à la Bibliothèque de la Cité, à Genève.

Réouvert en 2015, après neuf mois de travaux, complètement repensé et réaménagé avec le concours de Matali Crasset, designer parisienne, cet immeuble de verre affiche, d’étage en étage, chacun avec sa couleur vive  et sa thématique, une philosophie du « gai savoir », étude ou fiction, un sens de l’accueil apparenté à l’hospitalité, un laboratoire pour geek, 3000 titres de presse consultables à distance, tout un étage consacré à la musique, un domaine jeunesse d’une totale richesse. Le silence n’y est pas de règle. C’est un lieu de vie,  organisé selon un axe vertical, et des développements horizontaux, à partir d’une logique, qui « part de l’Homme, de ses centres d’intérêt et de son inscription dans le monde ».

 

Comme l’année dernière, cet épisode Genève-Genève a été couvert quotidiennement par un cyclothécaire différent, qui a rédigé et envoyé à Livres-Hebdo ses impressions personnelles, journal de bord que vous pouvez suivre ici.

Emmanuelle Prévost

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Une réflexion sur « Cyclo-biblio, version 2017 : « Le Léman » »

  1. A la lecture de ce billet, j’aurais aimé être un des cyclothécaires et visiter toutes ces bibliothèques. Bravo pour le programme et cette belle idée de promotion vivante, mobile, des bibliothèques, de la lecture et du livre !
    Avec tous les compliments de la Librairie Histoire et Société, Bordeaux

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