Compte-rendu : séance de la SHP 30/03

SHPLe mercredi 30 mars 2016, la salle des Actes de la faculté de Pharmacie de Paris (4, avenue de l’Observatoire) a accueilli une séance de la Société d’Histoire de la Pharmacie, présidée par le professeur Olivier Lafont.

Trois conférences ont été présentées lors de cette réunion :

  • M. Charles Tamarelle, membre de la SHP : Les pots d’apothicairerie en bois tourné ;
  • Mme Nina Corlay, lauréate du Prix Maurice Bouvet et Henri Bonnemain (année 2015) de l’Académie nationale de pharmacie et ingénieur d’études à l’université d’Angers : Henri Bocquillon-Limousin (1856-1917) et la matière médicale coloniale ;
  • M. Olivier Lafont, président de la SHP : Les lieux successifs de l’enseignement pharmaceutique à Paris (ou De la maison de la charité chrétienne à la Faculté de pharmacie de Paris).

Les pots d’apothicairerie en bois tourné, par M. Charles Tamarelle

Image extraite de "Hygiène et médecine des deux sexes. Sciences mises à la portée de tous" (1885) d'Alexis CLERC
Image extraite de « Hygiène et médecine des deux sexes. Sciences mises à la portée de tous » (1885) d’Alexis CLERC

Lors de cette conférence, Charles Tamarelle a présenté l’histoire de la fabrication et de la diffusion des pots d’apothicairerie en bois tourné sur une période qui s’étend du XIVe à la fin du XIXe siècle. Il nous a fait voyager à travers les collections conservées aujourd’hui dans différents lieux comme le musée de la Pharmacie de l’université de Bâle, le musée municipal de Flessingue ou encore le musée de pharmacie de Lisbonne.

De l’origine des bois utilisés pour la fabrication de ces pots d’apothicairerie à l’évolution des formes, le conférencier a présenté l’état actuel de la recherche sur ce sujet.

Henri Bocquillon-Limousin (1856-1917) et la matière médicale coloniale, par Mme Nina Corlay

Auteure de la thèse intitulée La collection de drogues végétales de l’Île de la Réunion. Musée François-Tillequin : histoire de la collection et étude de la pharmacopée traditionnelle réunionnaise (thèse de l’université Rennes 1, réalisée sous la direction de Thomas Gaslonde et soutenue en 2015), Nina Corlay a rencontré le nom d’Henri Bocquillon-Limousin au cours de ses recherches au musée François-Tillequin (4, avenue de l’Observatoire).

Carte postale : École supérieure de pharmacie de Paris - Collection des matières médicales
Carte postale : École supérieure de pharmacie de Paris – Collection des matières médicales

Henri Bocquillon effectue ses études à l’École de pharmacie de Paris. Il travaille ensuite au laboratoire de chimie organique de l’École, puis au laboratoire municipal de la ville de Paris en 1885. En 1886, il ouvre une officine et un laboratoire et il devient membre de la Société d’Histoire de la Pharmacie. L’année suivante, à la suite du décès de son beau-père, le pharmacien Stanislas Limousin, il prend la tête de la pharmacie Limousin jusqu’à sa mort en 1917. Ses ouvrages Manuel des plantes médicinales et coloniales et Formulaire des médicaments nouveaux (30 éditions entre 1890 et 1917, traduit dans plusieurs langues et réédité après sa mort) ont connu un grand succès.

Au cours de sa vie, il s’est passionné pour les recherches en matière médicale. Il obtient notamment le prix Gobley en 1889 pour son étude De la résine. Plantes de la matière médicale des colonies françaises. Il collectionne un nombre impressionnant d’échantillons dont 137 échantillons sont aujourd’hui conservés au musée François-Tillequin. Cette collection lui a valu plusieurs médailles d’or et prix.

La conférence donnée par Mme Nina Corlay a permis de mettre en valeur et de redécouvrir ce généreux donateur du musée François-Tillequin.

Les lieux successifs de l’enseignement pharmaceutique à Paris : De la maison de la charité chrétienne à la Faculté de pharmacie de Paris, par M. Olivier Lafont

Olivier Lafont a retracé, au fil de sa conférence, l’histoire de l’enseignement pharmaceutique à Paris. Ainsi, il a présenté les ancêtres de l’actuelle faculté de Pharmacie située au 4, avenue de l’Observatoire à Paris.

L’histoire commence avec le projet ambitieux de Nicolas Houël (1524-1587), maître apothicaire parisien, de créer la maison de la charité chrétienne, composée de cinq éléments : 1) une chapelle, 2) un lieu d’instruction pour les orphelins, 3) une apothicairerie, 4) un jardin de simples (lieu où l’on cultive principalement des plantes médicinales) et 5) un hôpital. Les travaux sont entamés rue de Lourcine. Puis, en 1579, Nicolas Houël achète le terrain des Vieux-Fossés qui s’étend jusqu’à la rue de l’Arbalète en raison de la dévastation de l’hôpital et du jardin de simples de la rue de Lourcine par une crue de la Bièvre.

Plan de Turgot de 1731-1739 : Jardin des apothicaires de la rue de l'Arbalète
Plan de Turgot de 1731-1739 : Jardin des apothicaires de la rue de l’Arbalète

En 1624, la communauté des apothicaires, responsable de la maison de la charité, abandonne le terrain de la rue de Lourcine et achète un terrain qui borde la rue de l’Arbalète, à côté du terrain des Vieux-Fossés. Les travaux de construction débutent en 1628. Le jardin botanique est très réputé à l’époque, puisque le roi Louis XIII exempte les apothicaires de logement de troupes en 1633. Dans les locaux, la communauté des apothicaires établit une école de simples (pour les drogues et les plantes médicinales).

Les apothicaires vont prendre conscience de la nécessité d’organiser des cours. Ainsi, un cours de chimie est ouvert en 1700. Cependant, la faculté de Médecine de Paris le suspend en 1723. Ouvert de nouveau en 1753, il est fermé en 1767 suite à une affaire qui oppose Laurent-Charles de La Planche et les membres de la Société du cours de chimie chargée de son organisation et qui parvient aux oreilles des membres de la faculté de Médecine. La faculté de Médecine met également fin au projet d’un cours public de botanique, en 1768.

En 1777, suite à la publication d’édits par le ministre Turgot, la communauté des apothicaires est supprimée et le Collège de pharmacie est créé. Les nouveaux diplômés deviennent des maîtres-pharmaciens et une Déclaration du Roy portant règlement pour les professions de la pharmacie et de l’épicerie à Paris sépare les pharmaciens des épiciers. Un enseignement officiel est établi au 6, rue de l’Arbalète à Paris.

Au cours de l’année 1791, le Collège de pharmacie est brièvement supprimé. Cependant, cette institution d’Ancien Régime est rétablie et confortée deux semaines plus tard. Les cours au Collège de pharmacie continuent donc pendant la Révolution française.

Portrait du directeur Jean-Nicolas Trusson (1744-1811)
Portrait du directeur Jean-Nicolas Trusson (1744-1811)

La constitution de l’an III institue l’école gratuite. Ainsi, les membres du Collège de pharmacie se constituent en Société libre et le Collège de pharmacie devient l’École de pharmacie, sous la direction de Jean-Nicolas Trusson (1744-1811). Sous le règne du roi Louis-Philippe, les écoles de pharmacie deviennent des parties intégrantes des universités.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, l’École de pharmacie de Paris organise les premiers travaux pratiques connus en France.

Cependant, les projets d’aménagement de la ville de Paris par le baron Haussmann font passer la rue Claude-Bernard en plein milieu du jardin botanique de la rue de l’Arbalète. Adolphe Chatin (1813-1901), le directeur de l’École, décide de transférer ce lieu d’enseignement sur le terrain de l’ancien couvent des Chartreux, à l’emplacement de la faculté de Pharmacie telle qu’on la connait aujourd’hui. Les travaux de construction s’étendent de 1876 à 1882 sous la direction de l’architecte Laisné. Les serres du jardin botanique auraient été commandées à Gustave Eiffel.

Enfin, le décret du 14 mai 1920 transforme les écoles supérieures de pharmacie en facultés de pharmacie.

Salle des Actes (4, avenue de l'Observatoire)
Salle des Actes (Faculté de Pharmacie – 4, avenue de l’Observatoire)

Comme un témoin de l’histoire de l’enseignement pharmaceutique à Paris, la salle des Actes (4, avenue de l’Observatoire) est reproduite presque à l’identique de la salle de réunion de la communauté des apothicaires, rue de l’Arbalète. Les boiseries et la cheminée ont été transportées dans les locaux de l’actuelle faculté.

La Bibliothèque Interuniversitaire de Santé est l’héritière de la bibliothèque de la communauté des apothicaires. Les collections de la bibliothèque du Collège de pharmacie sont numérisées et consultables en ligne sur le site Medic@.

 

Date de la prochaine séance de la SHP : le mercredi 8 juin 2016.

Sidonie Vicet

 

Séance de la SHP
Société d'histoire de la pharmacie
Debut: 03/30/2016
Duree:
4, avenue de l'Observatoire
Paris
75006
FR

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