La bibliothèque de la faculté de médecine pendant la Seconde Guerre mondiale

À l’heure où quatre grandes figures de la Résistance sont accueillies au Panthéon, un rappel sur les collections de la BIU Santé issues des spoliations de la Seconde Guerre mondiale, déjà évoquées l’an passé.

En effet, après la guerre, de nombreuses bibliothèques françaises reçurent en dépôt des ouvrages confisqués par les Nazis, et dont les propriétaires légitimes n’avaient pas pu être retrouvés.

Pour la bibliothèque de la faculté de Médecine de Paris, il s’agit d’une attribution de 294 livres ou titres de périodiques (et des centaines de fascicules). La provenance de ces documents est désormais clairement identifiable dans les catalogues.

Exemple d’indication de provenance dans le catalogue.

Ce travail de mémoire a été rendu possible par les recherches de Martine Poulain, conservatrice générale des bibliothèques honoraire. Dans un nouvel article du Bulletin des bibliothèques de France, elle fait le point sur ce travail et ses résultats.

Avec l’aimable autorisation de l’auteure et du BBF, retrouvez cet article en cliquant ici (pour des raisons de droits, les illustrations ne sont pas consultables dans cette version).

Ci-dessous, un exemple d’ouvrage attribué à la bibliothèque :

Cours complet d’anatomie peint et gravé en couleurs naturelles par M.A.E. Gautier d’Agoty, Nancy : J.B. Hyacinthe Leclerc, 1773. Cote 2208.

La question des spoliations mérite d’être rapprochée de la situation des médecins juifs à Paris avant et pendant la guerre. La BIU Santé possède plusieurs ouvrages traitant de cette période :

La médecine française et les Juifs 1930-1945, de Henri Nahum (cote 189770)

Les internes des hôpitaux de Paris 1802-1952 de Bénédicte Vergez-Chaignon (cote HM Mag. SPE internat 11)

Le docteur Ménétrel – éminence grise et confident du maréchal Pétain, de Bénédicte Vergez-Chaignon (cote HM Mag Biogr. ind.)

Blouses blanches, étoiles jaunes – l’exclusion des médecins juifs en France sous l’Occupation, de Bruno Halioua (cote 185152)

Le médecin juif errant, 1940-1943, de Jean-Claude Dreyfus (cote 156766 / 365-6)

Où l’on apprend qu’un certain nombre de médecins parisiens manifestèrent dans les années 1930 pour s’opposer à l’installation de leurs confrères juifs réfugiés d’Allemagne ou d’Europe centrale. L’un d’entre eux fut d’ailleurs à l’origine de la déportation de nombre de ses collègues – son nom, figurant sur le monument aux morts de l’université a, depuis qu’on le sait, été occulté.

Durant le conflit, la bibliothèque de la faculté fut visitée à plusieurs reprises par des officiers allemands – accueillis par le chahut des étudiants qui frappaient les tables de lecture de leurs mains. Malgré les listes établies par Vichy, aucun ouvrage d’auteur juif ne fut retiré des collections de la bibliothèque.

En 2013 fut apposée dans la salle d’actualités du pôle Médecine une plaque en l’honneur du Pr Lévy-Valensi, mort dans un camp de concentration.

En savoir plus

– L’ouvrage de Martine Poulain, Livres pillés, lectures surveillées. Les bibliothèques françaises sous l’Occupation, Gallimard, 2013 (753 p.), ISBN 9782070453979. Disponible à la BIU Santé, au pôle Médecine (édition 2008) et au pôle Pharmacie (édition revue et augmentée 2013).

 

 

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