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Delle osservazioni in Chirurgia trattato di Vincenzo Malacarne Saluzzese

Torino : impr. Giammichele Briolo. 1784

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Céline Cherici
Chercheur rattaché au laboratoire SPHERE
celine.cherici@live.fr
30/05/2011

En 1784, Malacarne publie son traité Osservazioni in chirurgia (1). Ce traité se découpe en deux parties : la première partie s’intitule Les préceptes et la seconde Les exemples : ces titres mettent en relief l’articulation entre les principes théoriques et les observations concrètes issues d'observations cliniques et anatomopathologiques. Elles doivent être considérées comme un premier degré d’expérience. Il faut noter l'ordre d'exposition utilisé ici par l'auteur qui expose ses principes avant de donner à ses lecteurs la matière sur laquelle ils sont fondés.

Malacarne se situe au centre de deux approches médicales des recherches sur les troubles de la santé, pris entre le courant nosologique où la priorité est donnée à l’observation du vivant et le courant anatomopathologique qui préconise la dissection. C'est le dialogue constant de ces deux champs de recherche qui permet l’élaboration d’un discours sur la physiologie organique et mentale du cerveau humain.

C'est durant ses études à l’hôpital de Turin, entre 1762 et 1774, que les observations qui viendront nourrir ce traité sont faites. Le manuscrit (2) en est conservé à la bibliothèque Pinali à la faculté de médecine de Padoue. Il couvre la période allant de 1764 à 1772. La nécessité d'articuler les observations cliniques avec les dissections normales et pathologiques est y est déjà énoncée. Ce manuscrit réunit, en outre, les deux cents cinquante observations ayant permis la réalisation du traité publié en 1784.

En comparant les tables des matières de la version publiée et manuscrite, des informations sur la façon dont Malacarne élabore cette approche dans le temps peuvent être extraites. Tout d’abord, on observe que dans la première partie de la version publiée, une classification des observations en fonction de leur intérêt théorique a été faite :

  • « Chapitre V : Les observations cliniques.

  • Chapitre VI : Les observations thérapeutiques.

  • Chapitre VII : Les observations cadavériques (3). »

  • Cette étape n’existe pas au niveau du manuscrit, un travail de conceptualisation a donc été entrepris entre ces deux versions. Il ne s’agit pas seulement de souligner un travail de remodelage du texte mais de mettre en relief le fait que les aspects théoriques de cette méthode d’approche sont déjà en voie d’élaboration dans la version manuscrite. Or, les exemples dont est constituée la seconde partie des Osservazioni in chirurgia (4) sont tous issus des observations faites par le jeune Malacarne à Turin. En outre, les préceptes énoncés dans la première partie de ce traité découlent de ce corpus hospitalier et se fondent sur lui.

    La lecture du carnet original permet de compléter la réflexion médicale et thérapeutique menée par Malacarne au sujet de l’hydrocéphalie et de confirmer que sa méthode anatomopathologique et clinique est élaborée durant ses années d’études.

    En partant d’enquêtes cliniques menées sur des malades souffrant de lésions cérébrales, les symptômes sont corrélés avec l’idée d’une cause organique dont au moins les effets sont localisés grâce aux observations anatomopathologiques.

    Par le biais de cette corrélation des analyses cliniques et pathologiques, les variations des manifestations physiques du processus hydrocéphalique sont spécifiées et participent à en constituer le cadre anatomoclinique. Ainsi, l’approche par l’état pathologique des fonctions normales dépendantes de l’organe cérébral est en voie d’élaboration. Le cadre clinique permet de faire le lien entre l’activité cérébrale et la dissection. La spécificité de la méthode utilisée dépend de son objet d'étude : le cerveau. C’est parce que l’observation in-vivo des mécanismes cérébraux est impossible qu’une méthode mêlant anatomie, pathologie et clinique est constituée. Si ces recherches s’étaient arrêtées à la réflexion anatomique, Malacarne n’aurait pas pu corréler les troubles de l’intellect avec les altérations organiques. La dimension clinique trouve ici une nécessité. En appréhendant parallèlement les aspects psychologiques et physiologiques des manifestations de cet organe à travers le sujet, la clinique converse avec les observations anatomopathologiques. L’activité cérébrale étant sacrifiée par la dissection, seules les observations cliniques faites sur des sujets atteints de pathologies mentales peuvent tenter d’en rendre compte. Elles sont ensuite confrontées parallèlement à des observations faites sur des sujets normaux ainsi qu’à de nouvelles études anatomopathologiques.

    Si le lien entre ces différents types d’observations est déjà présent dans le manuscrit de 1774, ce n’est qu’en 1784 que ces champs sont découpés en catégories avant d’être analysés en corrélations les uns avec les autres. L’articulation suivante peut être mise en évidence :

    « Des choses abordées on retire que les observations, qui ont rapport à la chirurgie, peuvent être distinguées en cliniques, en thérapeutiques, en pathologiques, et en anatomiques. Les observations cliniques sont celles que le chirurgien fait au chevet des malades pour bien en connaître les maladies, et pour en distinguer les symptômes. Les thérapeutiques, celles d’après lesquelles, après avoir tiré les indications opportunes, il calcule la force de la maladie, mesure l’activité possible des médicaments, et des opérations pour soigner le malade. Sont pathologiques les observations qui se font sur le cadavre pour y découvrir les causes de la mort dans les altérations des organes, et des viscères. J’appelle enfin anatomiques les observations qui se font sur le cadavre de l’homme, ou sur les bêtes pour en connaître la forme, la disposition, le nombre, et l‘usage des parties tant extérieures qu’internes. » (5)

    Le chirurgien, d’après Malacarne, doit croiser les résultats de ces différents types d’observations un nombre de fois suffisamment élevé pour en tirer des principes thérapeutiques généraux et les appliquer sur de nouveaux malades. Plus de la moitié des exemples cités dans la seconde partie du traité Osservazioni in chirurgia sont tirés de son expérience auprès de sujets souffrant de pathologies cérébrales. Ainsi après une première lecture de la description faite en 1784 d’un cas d’hydrocéphalie interne dont Malacarne étudie les aspects cliniques, comportementaux et anatomopathologiques à Turin en 1770, l’idée suivante peut être énoncée : c’est en se heurtant à la difficulté d’appréhender des cas extrêmes de malformations cérébrales qu’est mise au point cette façon de travailler la matière vivante et inerte.

    Les enquêtes cliniques menées sur ce type de malades permettent de corréler les symptômes avec l’idée d’une cause organique. Grâce à la grille de lecture de l’organe cérébral dans ses dimensions psychologiques et physiologiques appliquée aux différents champs d’observations, une théorisation plus générale des mécanismes cérébraux est effectuée. Les observations particulières faites sur ces différentes parties sont donc instrumentalisées afin de rendre compte de nouvelles théories concernant la physiologie cérébrale. L’élaboration de cette méthode est donc indissociable chez Malacarne des recherches sur le cerveau.

    (1) Osservazioni in chirurgia, Torino, G.Briolo, 1784, deux parties.

    (2) Malacarne Vincenzo : Osservazioni in chirurgia, traité manuscrit, 1764-1772, côte Sala Ducceschi ms. XIII d 7,(Biblioteca "V.Pinali"-Sezione Antica, Facoltà di Medicina e Chirurgia degli studi di Padova). Ce manuscrit est celui sur les fondements duquel fut écrit le traité suivant : idem : Osservazioni in chirurgia, Torino, G.Briolo, 1784, deux parties.

    (3) Idem : idem, table des matières : « Capitolo V : Delle osservazioni cliniche ; capitolo VI : Delle osservazioni terapeutiche e capitolo VII Delle osservazioni cadaveriche. »

    (4) Idem: idem.

    (5) Idem : Osservazioni in chirurgia, Torino, G. Briolo, 1784, p 15, deux parties, partie 1, article 2.